Les 2GT2 Création Culture Design rencontrent Marjolaine Salvador-Morel

Les élèves de 2GT2 option création Culture Design ont rencontré une plasticienne, une artiste qui a plusieurs cordes à son « Art ».

L’option création Culture Design a pour vocation la découverte, l’expérimentation à travers des micro-projets, à travers des rencontres. Le processus de la création a besoin de se nourrir des autres, (histoire des technologies, des inventions, des métiers d’art, du design…), il nécessite aussi l’apprentissage des « fondamentaux » de la représentation visuelle.
C’est dans cet esprit, qu’une artiste est venue parler d’un métier d’art : la dentelle à l’aiguille. Marjolaine Salvador-Morel a abordé avec des documents et des pièces de dentelles anciennes, l’histoire d’un savoir-faire dont les premières créations datent du XVIème siècle à Venise. C’est, par la suite, Colbert (un des ministres de Louis XIV) qui en France créa en 1665 les manufactures royales . La dentelle était un signe extérieur de richesse et de pouvoir, réservée donc aux puissants, hommes comme femmes.
On distingue la dentelle à l’aiguille où la dentellière suit un motif sur un support en parchemin et la dentelle aux fuseaux où l’on travaille sur un métier dénommé carreau sur lequel étaient placés de nombreux « fuseaux » (fuseau = bâton de bois permettant le filage).

Les élèves ont été impressionnés par les pièces de dentelles anciennes et notamment par un volant de Chantilly Napoléon III, dentelle de Bayeux. Cette dentelle noire est d’une finesse, d’une délicatesse incroyable. « Marjolaine Salvador-Morel est dentellière, initiée à la reine des dentelles à l’aiguille : le Point d’Alençon. Elle est également Meilleur Ouvrier de France en dessin pour dentelle à l’aiguille option Point d’Alençon – Point d’Argentan ».

Durant sa présentation, la prise de note était obligatoire, afin de garder une trace de la rencontre, mais aussi d’apprendre à relever les informations essentielles d’un discours, d’une conférence dans le but des les exploiter plus tard.
Lors de la deuxième rencontre (la même semaine) les élèves ont découvert l’autre facette de la dentellière, son travail plastique, « elle réalise des sculptures en fil de nylon qui sont de véritables dentelles en trois dimensions. Elle crée une nouvelle forme d’expression, pure et puissante, une écriture sensible révélée par la lumière dans laquelle se mêlent virtuosité, délicatesse et poésie ».

Elle est venue accompagnée de deux œuvres « Anémochorie » et « Eclosion »

Le choix de sections différentes de fil de nylon est dicté par son observation de la nature (végétal et animal) et notamment l’Argiope frelon une araignée de la famille des épeires . Lorsqu’elle travaille le fil de nylon, il forme naturellement une spirale qui nous a permis d’évoquer le nombre d’Or et la suite de Fibonacci (des proportions parfaites représentées par l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci).

Anémochorie nous donne à voir l’infiniment petit à travers l’évocation de la graine de pissenlit (signe de renaissance). Marjolaine a insisté sur la mise en scène de l’œuvre. Le dialogue avec un lieu est une donnée extrêmement importante dans son travail. Elle a fait le parallèle avec les divers projets réalisés en classe par les élèves et la nécessité d’apporter de la cohérence à leurs propositions. Éclosion est une sculpture Pop-Up qui se déploie lorsque l’on ouvre une boite en laiton forgé (par son mari Thomas Morel). Le travail minutieux de l’artiste a interpellé les élèves qui étaient admiratifs, rêveurs.

Le lendemain, avec leur professeur d’Arts Appliqués Benoît Audabram, ils ont commencé un projet plastique basé sur l’observation des œuvres de Marjolaine durant 10 minutes, puis une retranscription par le croquis sur du papier grand format (150cm X 70cm). L’objectif était ici de dessiner par le geste avec l’outil et le médium de son choix. Appréhender un tel format nécessite de s’affranchir de toute hésitation, le mouvement du bras et de la main ne sont pas entravés par l’observation de l’œuvre.

Les élèves ont ainsi dessiné en grand et sont petit à petit rentrés dans l’intimité des détails. Les résultats sont impressionnants, l’expression personnelle de chacun se révèle reléguant l’inhibition de départ aux oubliettes !

La suite sera axée sur les détails en observant cette fois-ci des photos des œuvres choisies et en réalisant une série de petit croquis informatifs.
Les Arts Appliqués se nourrissent de l’observation et notamment de la nature, à la manière du designer Sur Africain Porky Hefer, qui réalise des assises suspendues rappelant les nids tissés ou les cocons. Il utilise des matières locales et met en valeur l’artisanat. Ces créations conceptuelles sont ancrées dans la culture et le savoir-faire africain. C’est ainsi, que le travail des élèves avec Mme Salvador-Morel et M. Audabram deviendra aussi source d’inspiration en vue de la conception de fauteuils suspendus qui devront faire sens avec un lieu précis, un usage, un contexte.
Enfin, le dessin grand format, les croquis informatifs, les sphères en nylon au point de feston, la maquette du fauteuil suspendu seront exposés dans le lycée. Chaque élève devra prospecter dans les bâtiments à la recherche d’un lieu dont l’architecture, la lumière… mettra en valeur les travaux.
Benoit Audabram,

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